UNE BLACK-BLOC CONTRE LA “VIOLENCE D’ÉTAT”

Pour Violette, membre des blacks blocs, violence se justifie pour répondre à la violence policière, mais elle doit viser uniquement les biens, pas les personnes.

La voix rauque contraste avec le physique de gamine. Short et parka kaki, cheveux soigneusement rangés derrière les oreilles, Violette* ressemble à une trentenaire sage. Et pour cause, elle a grandi dans une famille de la classe moyenne de la banlieue ouest de Paris. Mais en 2006, à l’âge de 15 ans, elle s’engage pour la première fois contre le Contrat première embauche qui sera retiré suite à la mobilisation étudiante. Après cette première expérience militante, elle poursuit sa scolarité au Lycée autogéré de Paris, puis devient animatrice en milieu scolaire. Aujourd’hui, elle fait partie des blacks blocs, ces activistes vêtus et cagoulés de noir qui déclenchent des opérations souvent violentes lors des manifestations.

D’où viennent les militants blacks blocs?

On y croise toutes les classes sociales, y compris, et de plus en plus, les plus aisées. Ce sont principalement des hommes, de tous âges, mais il y a aussi des femmes.

Quelle a été l’action la plus risquée à laquelle vous avez participé?

En 2009, à Strasbourg, nous avons bloqué l’accès au sommet de l’Otan. L’effectif policier était disproportionné par rapport à notre action [9000 policiers et gendarmes français, 14000 policiers allemands, ndlr]. Les hélicos nous survolaient la nuit pour nous empêcher de dormir. Les policiers nous coursaient dans la forêt.

Comment se mettent en place les actions policières?

La police joue sur la peur. Ils ont des ordres: réprimer, dissuader les gens de revenir. Ils visent la tête pour blesser. Ce ne sont pas de simples bavures. C’est du corps à corps avec la matraque. C’est la nasse. Ils jettent des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes. Ils profèrent des propos sexistes, des menaces et des insultes. On a peur d’être arrêté, de se faire perquisitionner ou d’être fiché S.

Comment justifiez-vous la violence des blacks blocs?

On ne casse pas pour casser. Il y a une réflexion derrière l’action. Ce n’est pas un œil qu’on crève, c’est la vitrine d’une banque ou d’un McDo qu’on casse. Le petit commerce du quartier ne sera pas attaqué. Une Porsche incendiée sera remboursée par l’assurance. On ne touche pas à la Clio. En manif, j’empêche les journalistes et les photographes de filmer de trop près les manifestants, pour ne pas les mettre en danger. Je viens également en aide aux blessés après les violences policières. Il existe une violence d’État à l’encontre de la société. Nous, on la combat. On n’a jamais rien gagné par la non-violence. █

* Le prénom a été modifié.

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